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VOYAGES

ment bien naturel, je finis par comprendre le mot du Chartreux, pulchrum transeuntibiis, et je me hâtai de passer outre.

De là nous nous dirigeâmes de plus en plus vers les hauteurs du Far West, jusqu’à ce qu’enfin nous en atteignîmes les sommets, d’où l’on découvre un autre monde. Le 7 juillet, nous étions en vue de l’immense Orégon. On a fait de trop pompeuses descriptions du spectacle que nous avions sous les jeux, pour que j’ose entreprendre d’y rien ajouter. Je ne parlerai donc ni de la hauteur, ni du nombre, ni de la variété de ces pics éternellement couverts de neige, ni des belles sources qui en descendent avec fracas, ni du changement subit de leur cours, ni de la plus grande raréfaction de l’air, ni des effets qui en résultent pour les objets susceptibles de contraction. Ce que je dirai à la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ, c’est le besoin que j’éprouvai de graver son saint Nom sur un rocher qui dominait toutes les grandeurs : puisse ce nom à jamais adorable être pour tous les voyageurs qui nous suivront un monument de notre reconnaissance et un gage de salut !

Dès lors nous descendîmes vers la mer Pacifique, suivant d’abord, puis traversant la Petite et la Grande-Sableuse. Dans les environs de ce dernier torrent, notre guide ayant pris une direction pour une autre, la caravane erra trois jours à peu près à l’aventure ; moi même, un beau soir, je