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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

ses pour texte du long discours d’adieu qu’il fit dans l’une des succursales de Westport, avant son départ pour sa mission de l’Ouest. Par qui était-il envoyé ? Nous ne l’avons jamais su. Son zèle le portait souvent à s’aboucher avec nous, mais il ne nous était pas difficile de lui démontrer qu’à l’exception d’une seule, ses idées n’étaient pas bien fixées ; il en convenait lui-même ; mais après avoir volé de branche en branche, il en revenait toujours à ce qui dans son opinion était la source de toute vraie science : l’amour de Dieu est le premier des devoirs, et pour faire aimer Dieu, il faut être tolérant. C’était là son point d’appui le plus ferme, le fondée tous ses discours et l’aiguillon de son zèle. Le mot catholique, selon lui, signifiait amour et philanthropie. Les absurdités et les contradictions qui lui échappaient, excitaient souvent l’hilarité dans tout le camp. Sa naïveté était encore plus grande que sa tolérance ; en voici une preuve. « Hier, me disait-il un jour, comme un des gens de ma religion me rendait un livre que je lui avais prêté, en lui faisant croire qu’il contenait l’exposition de la religion Romaine, qu’en pensez-vous ? lui demandai-je ; et il me répondit que le livre était rempli d’erreurs. Or, ajouta le ministre, c’étaient les principes Méthodistes que contenait le livre. Voyez donc, reprenait-il avec emphase, ce que c’est pourtant que la prévention ! » Tous les jours j’avais eu des conférences avec l’un ou l’autre de la caravane, souvent avec plu-