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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

droit à notre estime et à notre reconnaissance. Paisse le Ciel lui rendre au centuple le bien qu’il nous a fait !

C’est au Fort-Hall que nous nous séparâmes tout à fait de la colonie américaine, qui jusqu’alors avait fait la même route que nous depuis la rivière des Kants. Déjà, sur la Rivière-verte, six d’entre ceux qui n’étaient venus dans ces parages que pour leur instruction ou pour leur agrément, s’en étaient retournés avec quelques illusions de moins. Parmi eux se trouvait le jeune Anglais qui depuis Saint-Louis avait été notre commensal. En se séparant de nous, cet estimable jeune homme nous assura que si jamais la Providence nous réunissait encore, il nous reverrait avec le plus grand plaisir, et que partout où il nous rencontrerait, il se ferait un bonheur de nous être utile. Il était d’une bonne famille d’Angleterre, et, comme la plupart des Anglais, grand amateur de voyages ; il avait déjà vu les quatre parties du monde, mais il avait de si forts préjugés contre l’Église Romaine, que malgré nos bons désirs, il nous fut impossible de lui être d’aucune utilité sous le rapport le plus essentiel, celui de son salut. Nous le recommandâmes à nos amis. J’ai retenu de lui cette belle réflexion : « Il faut voyager dans le désert pour savoir combien la Providence est attentive aux besoins de l’homme. » Quant à ceux qui étaient partis uniquement dans le dessein d’aller chercher fortune en Californie, poursuivant leur entreprise avec la