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VOYAGES

Tels étaient les néophytes venus à notre rencontre ; et qu’avaient-ils à nous apprendre ? Laissons-les parler eux-mêmes. Ils nous dirent qu’ils n’avaient cessé de prier tous les jours pour m’obtenir du Ciel un heureux voyage et un prompt retour ; que leurs frères étaient toujours dans les mêmes dispositions ; que la plupart, même les vieillards et les petits enfants, savaient par cœur les prières que je leur avais enseignées l’année précédente ; que, deux fois les jours ordinaires et trois fois le dimanche, la peuplade réunie faisait les prières en commun ; que la caisse d’ornements d’église laissée à leur garde était portée comme une arche de salut partout où l’on transportait le camp ; que cinq ou six enfants, du nombre de ceux que j’avais baptisés, étaient allés au ciel pendant mon absence ; que le lendemain de mon départ un jeune guerrier, heureusement baptisé la veille, était mort des suites d’une blessure mortelle reçue des Pieds-noirs, plus de trois mois auparavant ; qu’un autre, qui m’avait accompagné jusqu’au fort des Corbeaux, et qui n’était encore que catéchumène, était mort de maladie en revenant à la peuplade, mais dans de si bonnes dispositions, que sa mère était toute consolée de sa perte, dans la pensée qu’il était au ciel ; qu’une petite fille de douze ans, se voyant sur le point de mourir, avait demandé le baptême avec instance, et que l’ayant reçu de Pierre l’Iroquois avec le nom de Marie, elle avait dit par trois ibis aux