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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

dans la peuplade, et venait tout récemment encore de s’exposer à de nouveaux dangers pour faciliter notre retour. Ignace avait couru sans boire ni manger pendant quatre jours, afin de nous revoir plus tôt.

Pilchimoë, compagnon d’Ignace, et frère de l’un des martyrs de la troisième députation, était un jeune guerrier déjà réputé brave parmi les braves ; l’année dernière, par sa présence d’esprit et son courage, il avait sauvé soixante et dix de ses frères d’armes de la fureur de quinze cents Pieds-noirs qui les enveloppaient.

François-Xavier était fils du grand Ignace, qui fut le chef de la seconde et de la troisième députation, et périt avec cette dernière, victime de son dévouement pour la religion et pour ses frères. À l’âge de dix ans, ce jeune homme était venu à Saint-Louis dans la compagnie de son courageux père, uniquement pour avoir le bonheur d’y recevoir le baptême. S’étant ensuite attaché sans réserve au service de la mission, il apportait chaque jour à notre table tous les produits de sa pêche.

Gabriel, métis de naissance, mais enfant adoptif de la nation et interprète des missionnaires, fut le premier qui nous rejoignit sur les bords de la Rivière-verte ; il mérita ainsi le titre de précurseur des Têtes-plates. Gabriel fut assez brave et assez zélé pour entreprendre trois fois, à cause de nous, de franchir un espace de quatre cents milles qui nous séparait du grand camp.