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VOYAGES

je le bénirai toujours ; encore une fois mon cœur est content. Que ferons-nous donc pour prouver à nos Pères que nous les aimons ?… » Ici venaient les résolutions pratiques, mais je dois me borner.

Simon, le plus âgé de la nation Tête-plate, Simon, si accablé sous le poids de la vieillesse, que, même assis, il avait besoin de son bâton pour se soutenir, était un des adultes que j’avais baptisés l’année dernière. À peine eut-il appris que nous étions en route, que, montant à cheval et se confondant avec les jeunes guerriers qui se disposaient à venir à notre rencontre : « Mes enfants, leur dit-il, je suis des vôtres ; si je meurs en route, nos Pères du moins sauront pourquoi je suis mort. » Dans le cours du voyage, il répétait souvent : « Courage, mes enfants, souvenez-vous a que nous allons au-devant de nos Pères. » Et, le fouet animant les coursiers, on faisait à sa suite jusqu’à cinquante milles par jour.

Francis, enfant de six à sept ans, petit-fils de Simon, orphelin dès le berceau, avait servi l’année dernière à l’autel ; il voulut absolument accompagner son grand-père ; le cœur lui disait qu’il allait retrouver auprès des Robes-noires le bonheur qu’il avait à peine eu le temps de goûter dans les bras de ses parents.

Ignace avait conseillé la quatrième députation. Il en avait fait partie et avait réussi dans sa mission ; il avait introduit le premier la Robe-noire