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VOYAGES

points. Dans l’espace des dix dernières années, quatre députations, parties des bords de la Racine-amère, où ils se réunissent le plus ordinairement, avaient eu le courage d’aller jusqu’à Saint-Louis, c’est-à-dire de traverser plus de trois mille milles de vallées et de montagnes, presque toutes infestées de Pieds-noirs et d’autres ennemis. Les cinq Indiens qui composaient la troisième députation, partie en 1837, avaient été impitoyablement massacrés par les Sioux. En 1839, ils envoyèrent de nouveau deux députés iroquois, nommés Pierre et le petit Ignace (pour le distinguer d’un autre appelé le grand Ignace), et les chargèrent de faire encore de plus vives instances pour obtenir enfin ce dont ils avaient un si grand besoin, une Robe-noire pour les conduire au ciel. Cette fois leurs vœux furent exaucés, et au delà de leurs espérances ; un missionnaire fut chargé de les visiter, et on leur en promit plusieurs, s’ils étaient nécessaires à leur plus grand bien. Pendant que Pierre se hâtait de retourner vers la peuplade afin de lui faire part du plein succès de sa mission, Ignace restait à Westport, pour servir de guide au missionnaire. J’eus le bonheur d’être choisi pour cette œuvre sainte. Je visitai les Têtes-plates, et pris connaissance de leurs besoins, de leurs dispositions, du besoin des peuplades voisines. Maintenant, après une absence qui avait duré près d’un an, je revenais au milieu d’eux, non plus seul, comme l’année précédente, mais avec deux Pères, trois Frères,