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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

champ de neige fournissant des eaux au grand Océan et à la mer Pacifique. Après la jonction des trois fourches, le Missouri ne présente à une distance considérable qu’un torrent fougueux et écumant. Il s’étend ensuite dans un lit plus spacieux et par conséquent plus tranquille ; on y rencontre de petites îles et des rochers noirâtres et escarpés qui s’élèvent jusqu’à la hauteur de mille pieds au-dessus du courant. Les montagnes dont il lave les bases sont couvertes de térébinthacées, telles que le pin, le sapin et le cèdre, et de toutes sortes de tamarins ; on y voit beaucoup de grosses-cornes à une hauteur en apparence inaccessible. Bientôt ces montagnes prennent un aspect solitaire et offrent aux regards les masses les plus imposantes. Dans un parcours de dix-sept milles, la rivière est dans une rage éternelle, roulant et lançant ses ondes écumantes de cataracte en cataracte, avec des mugissements épouvantables dont retentissent tous les échos d’alentour. La première chute est de quatre-vingt-dix-huit pieds ; la seconde de dix-neuf ; la troisième de quarante-sept, et la quatrième de vingt-six. Le Missouri conserve la fougue et la rapidité de son cours assez loin au delà. Immédiatement après sa dernière chute, il reçoit la belle Rivière-à-Marie, qui vient paisiblement du nord. Plus bas, du côté opposé, entrent le Dear-born et la Fantaisie, chacune par une embouchure de cent cinquante verges, les Manolles, la Grosse-corne, la Coquille, toutes de cent