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VOYAGES

qu’il traverse lui donnent un air de grandeur qui n’appartient qu’au sublime. Chaque fois qu’on le traverse, une espèce d’enthousiasme s’empare de l’imagination, on se transporte d’avance dans ces contrées lointaines, dans cet océan de prairies qu’il arrose, jusqu’au pied des colosses américains qui lui donnent naissance.

C’est donc du sein fécond des montagnes Rocheuses que le Missouri sort avec tant d’autres grands fleuves, l’Arkansas, la Rivière-rouge, le Mississipi, qui tous s’entremêlent ensuite dans un seul réservoir, après avoir orné leurs deux bords dans leurs immenses étendues des riches débris arrachés aux montagnes.

Le Missouri proprement dit est formé par trois fourches considérables, qui s’unissent à l’entrée d’une gorge de l’une des principales chaînes des montagnes Rocheuses. La fourche du nord s’appelle le Jefferson, celle du milieu, le Madison, et celle du sud, le Gallatin. Chacune se subdivise en petites branches qui descendent des montagnes dans tous les sens, et confondent leurs eaux avec les fourches supérieures du Columbia et du Rio-Colorado[1], qui coulent à l’ouest des montagnes. J’ai bu aux sources des unes et des autres à la distance de moins de cinquante verges, le même

  1. Le Columbia est le réservoir commun de toutes les eaux de l’Orégon. Le Rio-Colorado, après avoir traversé le désert le plus affreux, va ensuite fertiliser la plus belle partie de la Californie.