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VOYAGES

description de la Plate, quoique j’en aie déjà parlé dans le récit de mon premier voyage. Si, malgré ses beautés, elle porte un nom si commun, qu’on se souvienne que la plus belle de ses buttes ne se nomme que la Cheminée, et qu’on le pardonne à de pauvres voyageurs, qui ne pouvant prendre pour terme de comparaison ce qu’ils ne connaissent pas, appellent les choses du premier nom qui leur paraît caractériser l’objet qu’ils ont devant les yeux. C’est ainsi qu’ils ont donné à cette rivière le nom de Plate à cause de sa largeur qui est souvent de six mille pieds, tandis qu’elle en a tout au plus un à cinq ou six de profondeur. Ce peu de proportion lui fait perdre aux yeux du commerce plus des trois quarts de sa valeur ; car il est inouï qu’on ait vu le moindre canot la remonter ; et si des berges partant du fort la Ramée la descendent jusqu’à son embouchure, c’est que, de berges qu’elles sont, elles peuvent devenir et deviennent en effet souvent des traîneaux qu’on fait avancer à force de bras. Irving, dans la définition qu’il en donne, corrige ce qu’il y aurait eu de peu noble ou d’exagéré dans une seule expression, en la nommant en même temps la plus magnifique et la plus inutile des rivières.

Ce côté défectueux une fois reconnu, qu’il soit permis de le dire, rien de plus magnifique, ni de plus varié que la perspective qu’offre la Plate, surtout vers le milieu de son cours. Vous ne voyez partout sur ses rives délicieuses, outre les fleurs