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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

médiateur quand ils auraient quelque grâce à demander au Ciel. Aussi toutes les fois qu’il s’agit d’entreprendre une affaire importante, ou d’éloigner certains fléaux de la peuplade, l’oiseau médiateur est exposé à la vénération publique, et pour se le rendre propice, ainsi que le grand manitou dont il est l’envoyé, on fume le calumet, et la première fumée qui en sort est dirigée vers la partie du ciel où brille leur astre protecteur.

À l’oblation du calumet, les Pawnees, dans les occasions solennelles, joignent le sacrifice sanglant et, selon ce qu’ils disent avoir appris de l’oiseau et de l’étoile, l’holocauste le plus agréable au Grand-Esprit est celui d’un ennemi immolé de la manière la plus cruelle possible. On ne peut entendre sans horreur les circonstances qui accompagnèrent l’immolation d’une jeune Siouse dans le cours de l’année 1837. C’était au moment des semailles et dans le but d’obtenir une bonne récolte. Voici en abrégé ce que j’en ai appris.

Cette enfant, car elle n’avait que quinze ans, après avoir été nourrie six mois dans l’idée qu’on lui préparait une fête pour le retour de la belle saison, se réjouissait en voyant s’enfuir les derniers jours de l’hiver. La veille du jour marqué pour la prétendue fête, on fit une coupe de bois dans la forêt, et l’on fit comprendre à la jeune fille, qu’elle devait aider à abattre les arbres et à aiguiser les poteaux. Le lendemain, elle fut revêtue de ses plus beaux ornements et placée au