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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

prise, ils s’en retournèrent à leur village par le plus court chemin ; et bien leur en prit, car nous n’avions pas marché deux jours, que quelques-uns de nos gens rencontrèrent un parti de Pawnees se dirigeant de leur côté et ne respirant que vengeance.

Les Pawnees sont divisés en quatre tribus, répandues dans les fertiles environs de la Plate, et sur les fourches supérieures de la rivière des Kants. Quoique six fois plus nombreux que les. Kants, ils ont presque toujours été battus par ceux-ci, parce qu’ils n’ont ni les armes, ni l’adresse, ni la force, ni le courage de leurs rivaux. Cependant comme le parti en question paraissait avoir bien pris ses mesures, et que chez eux la passion de la vengeance était excitée au dernier point par le souvenir encore récent du massacre de leurs mères, de leurs femmes et de leurs enfants, nous ne pouvions nous empêcher de craindre beaucoup pour les Kants ; déjà même nous nous représentions les Pawnees se baignant dans le sang de leurs ennemis, lorsque, deux jours après leur passage, nous les vîmes revenir sur leurs pas. Les deux premiers qui s’approchèrent de nous se faisaient remarquer, l’un par une chevelure humaine pendue au mors de son cheval, l’autre par un drapeau américain drapé autour de son corps en guise de manteau ; symboles de victoire qui nous firent mal augurer du sort de nos hôtes. Mais le chef de notre caravane les avant