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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

fut aussitôt apportée ; mais que fît ou que répondit Mr le Ministre ? Je suis encore à le savoir.

Bien que cette réponse fût un peu plaisante, il ne faudrait pas en conclure que ce sauvage parlât de la religion à la légère ; loin de là : semblables en ce point à toutes les tribus indiennes, les Kants sont toujours sérieux quand ils parlent ou entendent parler de la religion. Pour peu qu’on les observe, on s’apercevra même que le sentiment le plus enraciné dans leur cœur, et qu’ils expriment le plus souvent dans le détail de leurs actions, est l’esprit et le sentiment religieux. Jamais, par exemple, ils ne prendront le calumet sans en offrir les prémices à leur divinité tutélaire ; jamais ils n’iront à l’ennemi, sans avoir consulté le Grand-Esprit ; au milieu des passions les plus fougueuses, ils lui adresseront leurs vœux ; en assassinant une femme ou un enfant sans défense, ils invoqueront le maître de la vie. Enlever beaucoup de chevelures à l’ennemi, lui voler beaucoup de chevaux, voilà l’objet de leurs vœux ; c’est aussi celui de leurs plus ardentes prières, souvent ils y ajouteront les jeûnes, les macérations, le sacrifice. Dans le cours de l’hiver dernier, que ne firent-ils pas pour se rendre le Ciel propice ? Et pourquoi ? Pour obtenir la grâce de parvenir heureusement à massacrer, en l’absence de leurs maris et de leurs pères, toutes les femmes et tous les enfants qu’ils trouveraient dans le premier village de Pawnees, leurs voisins. Et en effet ils enlevèrent la cheve-