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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

de fil de fer, de cuivre ou de fer-blanc ; autour des reins, une ceinture de couleur tranchante, à laquelle ils attachent d’un côté un sac garni de kinnekenic (herbe qu’ils fument avec le tabac), et de l’autre une gaîne à coutelas ; aux jambes, des mitaines et aux pieds des souliers brodés en porc-épic ; et par-dessus tout cela, en guise de manteau, une couverture, n’importe de quelle couleur, drapée autour du corps selon le caprice ou le besoin du porteur ; imaginez-vous tout cela, et vous aurez l’idée d’un Kant enchanté de lui-même et de sa parure.

Pour le vêtement, les formes extérieures, le langage, la manière de prier et de faire la guerre, les Kants ressemblent beaucoup aux sauvages leurs voisins, avec qui d’ailleurs ils sont en relation d’amitié de temps immémorial. Leur taille est généralement haute et bien prise : leur physionomie, comme je l’ai déjà dit, a quelque chose de mâle ; leur langage saccadé et guttural est encore remarquable par la longueur et la forte accentuation de ses désinences, ce qui n’empêche pas leur chant d’être on ne peut plus monotone ; d’où l’on pourrait conclure que les eaux de leur rivière, quoique fort belles, n’ont cependant pas la vertu des eaux du Paraguay. Quant aux qualités qui distinguent l’homme de la brute, ils sont loin d’en être dépourvus : à la force du corps et au courage, ils ajoutent un bon sens et une adresse que n’ont pas tous les sauvages. Dans leurs guerres ou à la chasse, ils se servent comme les blancs de la cara-