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VOYAGES

dans l’espace compris entre les lits et le foyer, se tiennent les habitués de la loge, les uns debout, les autres assis ou couchés sur des peaux ou sur des nattes de jonc ; il paraît que ces dernières ont plus de valeur à leurs yeux, car entre autres honneurs qu’on nous fit lorsque nous entrâmes dans la loge, on nous en présenta une de cette espèce.

Il me serait impossible de peindre tout ce que nous vîmes de curieux pendant la demi-heure que nous passâmes au milieu de ces figures étranges ; bien certainement un Teniers y eût vu des trésors ; ce qui me frappa davantage, c’était la physionomie vraiment caractéristique de la plupart de ces personnages, le naturel de l’attitude, la vivacité de l’expression, la singularité des costumes, la variété des occupations.

Les femmes seules se livraient à un travail proprement dit, il semblait que la tâche de gagner le pain à la sueur de son front ne regardât qu’elles. Pour n’être point détournées de leurs travaux par le soin de ceux de leurs enfants qui ne marchent pas encore, elles les avaient attachés par les pieds et les mains à un morceau d’écorce ou à une planche d’assez grande dimension, pour les préserver des blessures que pourraient leur causer les objets environnants, et avaient déposé ce meuble, que je n’oserais appeler berceau ni fauteuil, quoiqu’il réunisse les avantages de l’un et de l’autre, les unes sur un lit, d’autres à leurs pieds ou dans