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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

restait à fournir. Pendant que le gros de la troupe s’avançait vers l’ouest, le P. Point, un jeune Anglais, et moi, nous déclinâmes sur la gauche pour visiter le premier village de nos hôtes. Arrivés à quelque distance de leurs loges, nous fumes frappés de la ressemblance qu’elles ont avec ces larges meules de froment qui couvrent nos guérets après la moisson. Il n’y en avait guère qu’une vingtaine groupées sans ordre à quelque distance les unes des autres ; mais chacune d’elles couvrait un espace circulaire d’environ cent vingt pieds de circonférence, ce qui suffit pour abriter commodément de trente à quarante personnes. Tout le village nous parut devoir renfermer sept à huit cents âmes, approximation justifiée d’ailleurs par le chiffre total de la peuplade des Kants, qui est d’environ quinze cents, répartis en deux villages, à une vingtaine de milles de distance l’un de l’autre. Ces loges, quoique humides, paraissent cependant réunir à la solidité la commodité et l’agrément. De la muraille circulaire, faite de terre, et qui s’élève perpendiculairement à hauteur d’homme, partent des perches courbées, aboutissant à une ouverture centrale, qui sert tout à la fois de fenêtre et de cheminée. La porte de l’édifice est une peau brute, elle s’ouvre du côté le plus abrité contre le vent ; le foyer est placé au milieu de quatre poteaux ou colonnes destinées à soutenir la rotonde ; les lits sont rangés en cercle autour de la muraille, et