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VOYAGES

les plus faciles à amener à la perfection des anciennes réductions du Paraguay. Je rendis grâces à Dieu de me voir associé à de si dignes compagnons ; je n’aurais pu désirer un meilleur choix. Lancé au milieu de l’immense désert du Far West, combien de fois ne me suis-je pas rappelé ces beaux vers de Racine :


Ô Dieu, par quelle route inconnue aux mortels,
Ta sagesse conduit tes desseins éternels !


Le 30 avril, j’arrivai à Westport, ville frontière de l’ouest des États-Unis. De Saint-Louis, nous avions mis sept jours pour faire, en bateau à vapeur, ce trajet de cinq cents milles ; ce qui peut donner la mesure des difficultés que présente la navigation sur le Missouri au sortir de l’hiver. Alors, il est vrai, les glaces sont fondues ; mais l’eau est encore si basse, les bancs de sable si rapprochés, les chicots si nombreux, que les bateaux ne peuvent avancer qu’avec les plus grandes précautions. Les mêmes difficultés se représentent à la fin de l’automne. Je reviendrai plus tard sur la description géographique de cette rivière.

Nous débarquâmes sur la rive droite. Il y avait là une petite cabane abandonnée, tout à fait semblable aux demeures de nos pauvres campagnards belges, et où, quelques jours auparavant, une pauvre sauvagesse était morte. C’est dans ce réduit, si semblable à celui qui mérita la préférence du