Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
VOYAGES

les Têtes-plates était de m’assurer de leurs dispositions à legard des Robes-noires qu’ils demandaient depuis longtemps. Parti de Saint-Louis au mois d’avril 1840, j’étais arrivé sur les bords du Colorado, lieu désigné pour le rendez-vous, précisément au moment où une bande de Têtes-plates y était venue à ma rencontre. Je visitai dans ce premier voyage, outre les Têtes-plates, plusieurs autres peuplades, telles que les Pends-d’oreilles ou Kalispels, les Nez-percés ou Sapetans, les Sheyennes, les Serpents ou Soshonies, les Corbeaux ou Absharokes, les Gros-ventres ou Minatarees, les Ricaras, les Mandans, les Kants, plusieurs tribus de la nombreuse nation des Sioux ou Dacotas, les Omahas, les Ottas, les Aouways, etc. Partout je trouvai de si heureuses dispositions en notre faveur, que, dans le désir de seconder plus activement les desseins si visibles de la Providence sur tant de pauvres âmes, je résolus, malgré les approches de l’hiver, et de fréquents accès de fièvre, de me remettre en route à travers une autre partie de l’immense solitude que je venais de parcourir. Je n’avais d’autre guide, au milieu de cet océan de prairies et dans les montagnes, qu’une boussole, d’autre défenseur parmi vingt peuples ennemis des blancs que mon Flamand, ancien grenadier de Napoléon, enfin d’autres provisions au sein d’un désert aride, que ce que la poudre et le plomb, avec une grande confiance en Dieu, pouvaient nous procurer.