Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

plus froides régions de la Russie : ma petite compagnie seule, composée de onze personnes, comptait huit nationalités différentes.

La difficulté du départ une fois levée, bien d’autres embarras lui succédèrent. Il fallait des provisions, des armes, des instruments de toute espèce, des moyens de transport, des conducteurs de charrettes, un bon chasseur, un capitaine, enfin tout ce qui est nécessaire pour parcourir un désert de huit cents lieues. On n’y rencontre guère que des ennemis à combattre, qui pillent, volent, tuent, quand ils en trouvent l’occasion ; et des obstacles à vaincre, tels qu’une foule de ravins, de marais, de rivières qui vous arrêtent quelquefois tout court. Ce n’est souvent qu’à force de bras qu’on en tire les bêtes de charge ; toutes ces choses ne se font ni sans grandes fatigues, ni surtout sans argent. Ce secours ne manqua pas à nos besoins : d’abondantes aumônes nous furent envoyées de Philadelphie, de Cincinnati, du Kentucky, de Saint-Louis, de la Nouvelle-Orléans, ville que j’ai visitée en personne, et qui est toujours à la tête des autres quand il s’agit de se montrer compatissante et généreuse. Ces aumônes, et une partie des fonds que l’Association de la Foi, cette belle perle de l’Église militante, avait placés à la disposition de notre R. P. Provincial pour l’avancement des missions chez les sauvages, nous ont mis à même d’entreprendre ce long voyage.

Le but de mes excursions de l’année passée chez