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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

des, au milieu des plus grands dangers et à travers les pays des nations les plus barbares. J’eus cependant la douleur de remarquer les dégâts que des hommes sans principes, des vendeurs de boisson, avaient causés dans cette mission naissante : l’ivresse, et d’un autre côté les invasions, des Sioux avaient fini par disperser mes pauvres sauvages. En attendant des circonstances plus heureuses, les bons Pères Verreydt et Hoecken s’y occupent des soins de leur saint ministère au milieu d’une cinquantaine de familles qui ont eu le courage de résister à ces deux ennemis. Je me suis acquitté auprès d’eux de ma commission de la part des Sioux, et j’ose espérer qu’à l’avenir ils seront tranquilles de ce côté-là.

Je quittai Council-Bluffs le 14 décembre pour me rendre à Westport, ville frontière du Missouri. Je n’ai rencontré ni obstacle, ni accident, sur les terres des Ottoes, des Aouways, des Sancs, des Kickapous, des Delawares et des Shawanous, que j’ai traversées. La nuit du 22, je me trouvai chez le P. Point, à Westport. Le lendemain, je pris la diligence dans la ville d’Indépendance, et la veille du nouvel an, j’arrivai au milieu de mes chers collègues à l’université de St-Louis.

Je me prépare maintenant à retourner à cette vigne inculte du Seigneur. Je partirai de bonne heure dans le printemps, accompagné de deux Pères et de trois frères de notre communauté. Vous savez qu’une pareille entreprise ne peut s’exécuter