Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

guerre Santee revenait d’une excursion contre mes chers Potowatomies de Council-Bluffs ; ils rapportaient une chevelure. Les meurtriers s’étaient charbonnés des pieds jusqu’à la tête, à l’exception des lèvres, qui étaient frottées de vermillon. Fiers de leur victoire, ils exécutèrent leur danse au milieu du camp, portant la chevelure au bout d’une longue perche. Je parus tout à coup en leur présence et les invitai à se réunir en conseil. Là je leur reprochai vivement leur infidélité à la promesse solennelle qu’ils m’avaient faite, l’année précédente, de vivre en paix avec leurs voisins les Potowatomies. Je leur fis sentir l’injustice qu’ils commettaient en attaquant une nation paisible, qui ne leur voulait que du bien, qui même avait empêché leurs ennemis héréditaires les Ottoes, les Pawnees, les Sancs, les Renards et les Aouways de venir fondre sur eux. Enfin je leur recommandai d’employer tous les moyens pour opérer une prompte réconciliation, et pour éviter de terribles représailles dont ils ne manqueraient pas de devenir les victimes, assuré que j’étais que bientôt les Potowatomies et leurs alliés viendraient tirer vengeance de leur parjure, et peut-être anéantir toute leur tribu. Confus de leur faute et en redoutant les conséquences, ils me conjurèrent de leur servir encore une fois de médiateur, et d’assurer les Potowatomies de leur résolution sincère d’enterrer à jamais leurs casse-têtes.

Le lendemain, 14 novembre, accompagné d’un