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VOYAGES

dans ; c’était là que ces malheureuses nations avaient été attaquées par l’épidémie, qui, dans le courant de cette année, fit tant de ravages parmi les tribus indiennes : plusieurs milliers de sauvages moururent de la petite vérole. Nous remarquâmes en passant que les cadavres, enveloppés dans des peaux de buffle, étaient restés attachés aux branches des plus gros arbres. Ce cimetière sauvage offrait une vue bien triste et bien lugubre ; il donna occasion âmes compagnons de voyage de raconter plusieurs anecdotes aussi déplorables que tragiques. À deux journées de là nous rencontrâmes les misérables restes de ces trois infortunées tribus. Les Mandans, qui ne forment guère aujourd’hui qu’une dizaine de familles, se sont unis aux Gros-ventres, qui eux-mêmes s’étaient joints aux Arikaras ; ils forment ensemble une population d’environ 3,000. Quelques jeunes gens, nous ayant aperçus de loin, donnèrent avis aux chefs de l’approche d’étrangers. Ils se précipitèrent aussitôt par centaines au-devant de nous ; mais les trois hommes du fort Union se firent connaître, et me présentèrent à leurs chefs en qualité de robe-noire des Français. Ils nous reçurent avec les plus grandes démonstrations d’amitié et nous forcèrent de passer l’après-dînée et la nuit dans leur camp. Les marmites furent bientôt remplies dans toutes les loges, et les morceaux de rôti mis au feu pour fêter notre arrivée. C’était encore ici, comme parmi les Corbeaux, une succession d’invi-