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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

comme le porphyre. Je l’ai porté à une grande distance ; mais l’embarras que cette charge me causait, et la fatigue des chevaux qui trouvaient à peine de quoi se nourrir dans cette saison de l’année, me forcèrent bientôt à l’abandonner avec regret dans la prairie. J’avais été obligé de faire de même auparavant dans les Côtes-noires et dans les montagnes Rocheuses avec tous les autres objets de curiosité que j’avais ramassés.

Nous rencontrâmes sur notre route un parti de guerre de quinze Assiniboins, qui revenaient d’une expédition infructueuse contre les Gros-ventres du Missouri. C’est dans ces sortes d’occasions que la rencontre des sauvages est principalement dangereuse. Retourner dans leur pays sans chevaux, sans prisonniers, sans chevelures, c’est pour eux le comble du déshonneur et de la honte : aussi nous montrèrent-ils beaucoup de mécontentement et leur regard n’avait rien que de sinistre. Cependant ces sauvages-là sont poltrons, et ils étaient d’ailleurs mal armés. J’étais accompagné de trois hommes du fort qui se rendaient chez les Arikaras avec une bande de chevaux, et quoique nous ne fussions que cinq, chacun de nous mit la main sur son arme, en affectant un air de détermination ; nous eûmes un petit entretien avec eux et nous continuâmes notre route sans être molestés. Le lendemain nous traversâmes, sur les bords du Missouri, une forêt qui avait été en 1835 le quartier d’hiver des Gros-ventres, des Arikaras et des Man-