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VOYAGES

de toutes sortes de provisions. Je leur en conserverai pendant toute ma vie la plus grande reconnaissance.

Après avoir régénéré quelques enfants métis dans les saintes eaux du baptême, je partis du fort le 23 septembre. Le trajet jusqu’au village des Mandans nous prit dix jours. Le sol que le grand fleuve parcourt est beaucoup plus fertile que celui de la Roche-jaune ; c’est cependant toujours la même vaste prairie, diversifiée par de hautes côtes, ou plutôt par des montagnes entrecoupées de ravins. Les rivières sont à sec pendant une partie de l’année ; mais elles s’enflent à une hauteur prodigieuse dans la saison des pluies. Sur le penchant des côtes et dans les bas-fonds, sur les bords des rivières, on trouve çà et là des bocages riants ; mais en général toute la région ne présente à l’œil qu’une plaine onduleuse, couverte de gazon et de différentes herbes. Le sol y est çà et là imprégné de soufre, de sulfure de cuivre, d’alun et de natron ; les stratifications de terre colorent fortement les rivières qui les traversent, et celles-ci, avec les éboulements des bancs du Missouri, communiquent aux eaux de cet immense fleuve les matières qui les rendent bourbeuses. Il y a dans cette région quelques endroits sablonneux remplis de curiosités naturelles ; j’y remarquai de gros troncs d’arbres et des ossements de différentes espèces d’animaux pétrifiés ; j’y trouvai entre autres un gros crâne de buffle, changé en pierre rouge