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VOYAGES

bre, le Pied-Noir aussitôt se montre disposé à la paix, déploie un étendard et présente son calumet. Le chef Tête-Plate l’accepte toujours, mais il ne manque pas de faire comprendre à l’ennemi qu’il sait à quoi s’en tenir sur ses intentions pacifiques. Pied-Noir, dit-il, j’accepte ton calumet ; mais sache que je n’ignore pas que ton cœur veut la guerre, et que ta main est souillée par le meurtre ! Mais moi, j’aime la paix. Fumons, tandis que tu m’offres le calumet, quoique je sois assuré que le sang sera bientôt répandu de nouveau. »

Les courses de chevaux et les jeux de hasard sont au nombre des passions dominantes des sauvages ; j’en ai déjà fait mention plus haut. Les Indiens de la Colombie ont porté les jeux de hasard au dernier excès. Après avoir perdu tout ce qu’ils ont, ils se mettent eux-mêmes’sur le tapis : d’abord une main, ensuite l’autre ; s’ils les perdent, les bras, et ainsi de tous les membres du corps ; enfin la tête suit, et s’ils la perdent, ils deviennent esclaves pour la vie avec leurs femmes et leurs enfants.

Parmi les nations sauvages, le gouvernement est aux mains des chefs. Ceux-ci deviennent tels par leur mérite ou leurs exploits. Leur pouvoir consiste seulement dans leur influence ; elle est grande ou petite en proportion de la sagesse, de la bienveillance et du courage qu’ils ont montrés. Le chef n’exerce pas l’autorité en commandant,