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VOYAGES

peau, frottée avec le cerveau de la bête, devient très-molle et propre au travail. Ils ne sont pas moins habiles à faire leurs arcs d’un bois très-élastique ou de la corne du cerf ; leurs flèches sont faites d’un bois pesant, et garnies de pointes de fer ou d’une pierre en forme de lance ; l’effet que font ces armes est étonnant. La corne des grosses-cornes et des buffles leur sert à faire des coupes, des plats, et d’excellentes cuillers ; ils amollissent la corne en la faisant cuire dans des cendres chaudes, et lui donnent ainsi toutes sortes de formes : en refroidissant, elle reprend sa dureté primitive. Ils font de bons paniers de saules, d’écorces, ou de paille.

En général, les sauvages des montagnes admettent l’existence d’un Être suprême, le Grand-Esprit, créateur, de toutes choses, l’immortalité de l’âme, et une vie future où l’homme est récompensé ou puni d’après ses actes. Ce sont les points principaux de leur croyance. Leurs idées religieuses sont très-bornées. Ils croient que le Grand-Esprit dirige tous les événements importants, qu’il est l’auteur de tout bien, et par conséquent seul digne d’adoration ; que, par leur mauvaise conduite, ils s’attirent son indignation et sa colère, et qu’il leur envoie des calamités pour les punir. Ils disent encore que l’âme entre dans l’autre monde avec la même forme qu’avait le corps sur la terre. Ils s’imaginent que leur bonheur consistera dans la jouissance et l’abondance de ces mêmes choses