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m’imaginais, en les rencontrant, voir devant moi ces visages boursouflés qu’on appelle en Belgique vagevuurs gezichten. Les petits garçons portent une espèce de dalmatique en peau, bordée de piquants de porc-épic et ouverte aux deux bords, ce qui donne un air tout-à-fait singulier à ces petits sans culotte et sans chemise. Jusqu’à l’âge de sept ans, ils n’ont rien pour se couvrir pendant l’été ; ils passent les journées entières à jouer dans l’eau ou dans les bourbiers : en hiver on les enveloppe dans des morceaux de cuir. Les femmes se couvrent d’une grande pèlerine, ornée de dents d’élan et de plusieurs rangées de perles de diverses couleurs. Cet habillement, lorsque la peau est blanche et propre, fait un bel effet. Le sauvage met autant de soin à orner son coursier, qu’il en emploie pour sa propre personne ; la tête, la poitrine et les flancs de l’animal sont couverts de pendants de drap d’écarlate, brodés de perles, et ornés de longues franges, auxquelles ils attachent de petites sonnettes.

On peut dire en général que la propreté ne compte pas au nombre des vertus du sauvage ; il m’a fallu quelque temps pour supporter leur saleté ; il m’en faudra peut-être bien plus pour les corriger. Pardonnez-moi si j’entre ici dans quelques détails bien dégoûtants ; celui qui se croit appelé à ces missions doit connaître ce qu’on y rencontre. J’ai vu les Sheyennes, les Serpents, les Youts etc., manger la vermine les uns des autres à pleins