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favori de tous les chasseurs, et aussi longtemps qu’ils en trouvent, ils ne tuent jamais d’autres animaux. Se trouvant donc maintenant au milieu de l’abondance, les Têtes-Plates se préparèrent à faire leurs provisions d’hiver ; ils érigèrent des échafaudages de saules autour de leurs loges pour y sécher les viandes, et chacun prépara son arme à feu, son arc et ses flèches. Quatre cents cavaliers, vieux et jeunes, montés sur leurs meilleurs chevaux, partirent de bon matin pour la grande chasse : je voulus les accompagner pour contempler de près ce spectacle frappant. À un signal donné, ils fondirent au grand galop sur les bandes de buffles ; tout parut bientôt confusion et déroute dans la plaine : les chasseurs poursuivirent les vaches les plus grasses, déchargèrent leurs fusils et lancèrent leurs flèches, et au bout de trois heures, ils en tuèrent au delà de cinq cents. Alors les femmes, les vieillards et les enfants s’approchèrent, et à l’aide des chevaux, ils emportèrent les peaux et la viande, et bientôt tous les échafaudages furent remplis et donnèrent au camp l’aspect d’une vaste boucherie. Les buffles sont difficiles à tuer ; on doit les blesser dans les organes vitaux. La balle qui frappe le front d’un bœuf ne produit point d’autre effet sur l’animal qu’un mouvement de tête et une exaspération plus grande ; au contraire, celle qui frappe le front d’une vache pénètre. Plusieurs bœufs, blessés à mort dans cette chasse, se défendirent avec fureur.