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hommes libres : il sort d’elle, et il est sujet aux mêmes droits, privilèges et obligations, mais à des degrés différents, puisqu’il possède certains avantages dont l’homme libre ne jouit pas. Comme ce dernier, il est possesseur réel du sol, dans le district, mais sans doute, son lot était-il plus étendu que celui de ses voisins, et moins grevé d’impôts. Il participait au Ding, placitum, mais avec les hommes de sa classe ; il avait l’initiative et la direction des affaires publiques, et il exécutait ce qui avait été décidé, du consentement général[1]. Le peuple entier peut élire, mais le noble seul jouit de l’éligibilité aux fonctions de prêtre, de juge, ou de roi. Le prix de sa vie est plus élevé, dans le wergyld, que celui de l’homme libre. Il est une unité dans la masse ; le représentant de la souveraineté, tant à l’intérieur qu’au dehors. Son pouvoir tend à s’accroître, alors que celui de l’homme libre va toujours en se restreignant, avec les empiétements de la noblesse.

Le nom distinctif du noble est Eorl, Ædele, nobilis et Rice, potens, et il porte encore d’autres titres se rapportant, aux fonctions dont il est investi, ou aux détails et aux qualités de son rang social : ainsi, ealdor, ealdorman, princeps ; wita, weota, consiliarius ; senior ; procer ; melior. Et il convient de rappeler qu’en dehors de ses privilèges personnels, le noble possédait dans toute leur plénitude, les droits de l’homme libre, de la classe à laquelle il appartient, et dont il n’est, au demeurant, que l’ordre le plus élevé.

  1. « De minoribus rebus principes consultant ; de majoribus omnes. Ita tamen utea quoque quorum penes plebern arbitrium est, apud principes pertractentur », Tacit., Germ., XI.