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techniquement, est dénommé fáehde, feud dérivé de fá, inimicus ; fáedhe beran, signifie supporter le feud, c’est-à-dire, les conséquences du droit de guerre. S’il se sent assez fort pour s’assurer la solution violente d’un litige, il peut attaquer, emprisonner, et même massacrer son adversaire, mais alors il s’expose aux représailles des parents et des alliés de sa victime.

En dehors de ses armes, l’homme libre porte ses cheveux longs, comme signe de sa liberté, et comme ornement, flottants sur ses épaules, ou nattés autour de sa tête[1].

La mesure même de sa valeur sociale, l’attestation et la défense de celle-ci sont comprises dans le Wergyld, ou prix de l’homme. Sa vie, son corps, les dommages qu’on peut lui causer, ceux qui dépendent de lui, sa propriété sont prévus, décrits, garantis et limités ; et bien qu’il ne jouisse pas des privilèges du noble, l’homme libre demeure, toutefois, de condition supérieure à celle de l’étranger, du serf ou de l’affranchi. De telle sorte que ses terres, sans être exemptes d’impôts, sont moins grevées que celles de ceux qui n’ont pas la liberté. De plus, il possède un droit de jouissance des forêts et des eaux communes, que les hommes non libres n’étaient point appelés à partager.

L’homme libre a donc part au gouvernement de la collectivité, en exécutant lui-même, et en faisant exécuter les lois qui régissent et les hommes libres, et ceux qui ne le sont pas. Ce faisant, il consent à la loi une obéissance volontaire, pour vivre sous son bienfait, dans une communauté politique pacifiée.

En cet état de choses, le noble appartient à la classe des

  1. « Gif freo wif, locbore, lyswaes hwaet gedó », Lex. Ædelb., § 73. L’homme libre était déshonoré si on lui coupait sa chevelure, Lex. Ælfr., § 35. Cf, Grimm, Deut. Rechtsalt., pp. 210, 283. Eumenius parle des Francs, comme « prolixo crine rutilantes », Paneg. Constant, ch. XVIII.