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mière communauté n’est-elle pas, en effet, formée par l’union d’hommes libres qui veulent s’entr’aider, et qui sacrifient chacun une part de leur liberté individuelle pour que les idées d’état, d’ordre légal et de gouvernement, soient pratiquement réalisées ?

L’homme libre est qualifié man, ceorl, mas, maritus ; waepned man, armatus ; après l’établissement de l’esclavage, il est dénommé pour accuser la distinction sociale dont il jouit, free, frigman, frihals, c’est-à-dire free neck, cou libre, la main d’un maitre n’ayant pas ployé son cou[1] : mais la dénomination la plus ancienne et la plus pure de l’homme libre, est ceorl. Jusqu’à une période très avancée, la loi anglo-saxonne ne connaît pas d’autre distinction que celle de ceorl et d’eorl[2]. Le Vieux Rigsmal, consacré à l’origine des races, regarde Karl, comme le prototype de l’homme libre. Ses fils sont Halr, en anglo-saxon, Haele, vír ; Drengr, en anglo-saxon, Dreng, vír ; pegen, en anglo-saxon, pegn, vir fortis, miles ; Höldr, en anglo-saxon, hold, pugil, fidelis ; Búi, en anglo-saxon, gebúr, colonus ; Bondi, en anglo-saxon, bonda, colonus ; Smidr, en anglo-saxon, Smid, faber ; Seggr, en anglo-saxon, Secg, vir. Parmi les filles de Karl, on cite Snót, Brúdr, Fliod et Wíf. La plupart de ces termes ont longtemps survécu, pour distinguer, chez les Saxons, les diverses classes d’hommes libres.

Les droits de l’homme libre sont les suivants. Il possède une terre dans les limites de la communauté, l’edel, ou territoire héréditaire (ϰλῆρος, haeredium, hyd) et du fait de cette possession, il devient une partie intégrante de la communauté ; il se trouve astreint aux obligations que celle-ci impose, et il bénéficie des privilèges qu’elle lui consent. Ces

  1. « Swá eác we settad be eallum hádum, ge ceorle, ge eorle », Leg. Ælf., § 4.
  2. Cf. Grimm, Deut. Rechtsalt., 283.