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accords peuvent même avoir pour base et pour consécration, des cérémonies religieuses. Mais en dehors de ces questions d’ordre économique, il ne peut y avoir entre elles, d’union, ni de mutuelle dépendance : chaque tribu solitaire est par elle-même un état, possédant le jus belli.

Dans sa propre maison, chaque homme peut se faire législateur, et édicter arbitrairement des lois, d’après certains principes généraux, communément reçus de ses voisins. Il peut avoir un culte domestique dont il sera le prêtre[1], et que ses voisins ne reconnaissent pas. Ceux-ci, s’il trouble leur jouissance, pourront le tuer ou l’asservir, s’ils en ont la force et les moyens ; s’il s’enrichit, ils pourront le dépouiller, et cela, jure belli, car ici, le jus imperii ne saurait être considéré.

Mais ce ne peut être là, l’état normal de l’homme. L’évolution instinctive vers la civilisation, est contraire à cet état statique, ainsi que le désir instinctif de garanties mutuelles, de sécurité et de paix. La production des subsistances est la première application de l’activité de l’homme, puis apparaît la tendance à assurer et à défendre la possession accumulée. Cependant que la terre et les eaux suffisent à l’entretien de la population, les institutions propres à la paix, vont prévaloir. Mais dès que par les difficultés naturelles à vaincre, ou par la rareté des subsistances, le clan devient conscient de son individualité et des empiétements possibles de ses voisins, il veut substituer à l’état pacifique, un état de force et de défense.

Quelques-unes des institutions inspirées par l’effort vers la réalisation d’un état social civilisé, avec le moindre sacrifice des libertés individuelles, telles que le Wergild, le Frank

  1. « Si publice consuletur, sacerdos civitatis, sin privatim, ipse pater-familiæ, precatus Deos.. », Tacit., Germ., X.