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ère[1], et cela pour son plus grand bonheur individuel et social.

Tout le sujet se ramène à ces deux points de vue dans lesquels on considère l’homme primitif : vivant seul avec sa famille, ou vivant avec elle, allié à d’autres membres qui partagent la même existence dans l’état.

Il est difficile de concevoir une société dans laquelle, chaque famille vit isolée, sans nul rapport avec celles qui l’environnent : et même, en supposant qu’un pareil état de fait fut possible, il évoluerait, sans doute, vers le système patriarcal où le membre le plus âgé de la famille, devient le chef de celle-ci. Mais de pareilles conditions sociales ne pouvaient durer que pendant un temps déterminé, et en ce qui touche les tribus germaines, elles ne paraissent avoir procédé à leur établissement pacifique sur le sol conquis, qu’après avoir réalisé, au préalable, une sorte d’organisation militaire et hiérarchique sur laquelle reposait leur constitution. Et l’état de famille isolé, ne peut se prolonger par l’extension nécessaire des relations de voisinage ; par le besoin d’échange. L’idée d’état, elle-même est exclusive de cette notion ; dans l’état naissant à la civilisation, l’homme n’existe qu’en tant que membre de l’état, et ce n’est qu’en cette qualité, qu’il peut exister comme homme. Il ne crée pas plus l’état que le langage qu’il parle : il naît à tous deux, et sans eux, n’a point d’existence sociale et juridique.

Quand un nombre de maisons indépendantes sont dispersées sur l’étendue du territoire, il advient que des accords interviennent entre elles pour l’exploitation des bois, pour la jouissance des eaux et des terres communes, incultes. Ces

  1. Möser, Osnabrückische Geschichte (1780). 1er Absch., §8 : « Solche einzelne wohner waren Priester und Könige in ihren Haüsern und Hofmarken ». Cf. Tacit., Germ., X.