Page:Pierquin - Le Poème anglo-saxon de Beowulf.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devait arriver qu’en des lieux moins favorisés, et où la culture était moins intensive, un homme libre possédât, pour sa subsistance, plus d’étendue territoriale que son voisin établi sur un sol plus fortuné, dans la Marche voisine. Au demeurant, le territoire seul de la collectivité était délimité avec précision ; les lots départis aux individus étaient de contenance variable.

Cependant il est certain qu’il existe une moyenne de superficie des Hides, qu’on retrouve généralement dans les chiffres donnés par les chroniqueurs. Et il y a peu de raison de croire que ces chiffres aient changé avant la conquête normande, et la compilation de Domesday[1]. Les tribus germaines du continent, durent avoir quelque unité de mesure territoriale, qui présidait au lotissement du sol, parmi toutes les tribus.

Cette mesure dut être l’acre[2] (0,404671 hectare). Dans le dialogue attribué à Ælfric, le laboureur ne s’écrie-t-il pas : « ac geiúcodan oxan and gefaestnodan sceare and cultre mit dáere syl aelce daeg ic sceal erian fulne aecer odde mare » : « ayant mis mon bœuf sous le joug… je dois labourer tous les jours, l’espace d’un acre, et même davantage.... »

Selon Bède, l’ile de Wight contenait 1.200 hides, ou familles, et l’île contenant 86.810 acres, la superficie de l’hide de chaque famille, devait être de 72 acres 1/3[3]. Thanet, au dire du même auteur, comprend 600 hides, et 23.000 acres ; le pays de Kent, 972.240 acres, et 15.000 hides. L’hide était donc pris sur la terre arable : il constituait la mesure de l’alod, ou édel-possession, héritée ou individuelle : c’était le ϰλῆρος, le lot, la part du premier colon. L’hide comportait la

  1. Bède. Hist. Éccl., I, ch. I, 15 : « iuxla mensuram Anglorum ».
  2. Acera braéde, l’espace de trois acres (Leg. Ædelst, IV, 5) ; « acræ latitudine » (Leg. Hen., I, ch. XVI).
  3. Hist. Éccl., IV, 16.