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rables et demeurés incultes, qui formaient Les Marches, ou défenses des diverses communautés. Mais la propriété d’un homme à la terre indivise, dépendait de sa part préalable dans le sol arable, de même qu’à Rome, le patricien retirait par l’hæredium, des droits de beaucoup plus étendus que ceux de son seul héritage. Sans participation à la propriété et à la jouissance de la terre arable, l’homme ne devenait pas membre de l’État : et de cette possession découlaient et sa franchise, et ses droits politiques. Celui qui n’avait point eu part à la terre, n’était pas réputé libre : il ne pouvait se présenter aux assemblées des hommes libres, pour y défendre ses intérêts, mais il demeurait en sujétion, en vassalité, dans la mund, — et littéralement, — dans la main d’autrui.

Le mot primitif qui désigna ces parts du sol, fut celui de Hlyt (sors, χληρος) ; — les mots courants qui répondent à ce sens, en anglo-saxon, sont Higid[1] (Hid par contraction), — et Hiwisc. Les équivalents de ces mots, que l’on rencontre dans les chroniques et dans les chartes, sont : familia, cassatus, mansus, mansa, mansio, manens, terra tributarii. Les mots Hid et Hiwisc ont un sens presque identique : leur étymologie doit être recherchée dans Higan, Hiwan, la famille, l’homme et la femme, et ce sens concorde bien avec les termes latins, familia et cassatus[2]. L’Hid est donc la propriété d'une famille, et l’étendue de terre arable possédée par elle, et nécessaire à sa subsistance[3].

Il est évident que cette surface varie, selon les conditions du sol et d’autres contingences, telles que le climat, l’accès des eaux et des terres, la propriété des Marches et des forêts. Si donc l’Hide comprenait un nombre d'ares déterminé, il

  1. Cod. dipl, no240.
  2. Cf Espagnol : casado.
  3. « Hida autem Anglice vocatur terra unius aratri cultura sufficiens per annum », Henry of Huntingdon, liv. VI, an. 1008.