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de son shireman, ou juge[1] ; et le même prince déclare que si un ealdorman se rend coupable de haute trahison, il sera déchu de l’administration du Shire[2] ; par ailleurs, il fait défense à tout homme du Shire, de quitter son district, sans l’autorisation de son seigneur[3]. La juridiction territoriale étant inséparable du rang de duc ou d’ealdorman, le Shire apparaît avec son établissement, et avec la consolidation du pouvoir royal. Aussi longtemps que des associations d’hommes libres furent capables de sauvegarder leur indépendance, d’administrer leurs propres affaires, de défendre par leurs armes et par leurs alliances, leurs territoires et leurs droits, l’ancienne division des Gás dut subsister. Mais le conquérant venu, fit gouverner ces districts par ses propres officiers, pour l’administration, la justice, le service militaire, et il voulut substituer l’unité territoriale aux liens de l’antique fédération, et cette centralisation nouvelle ne pouvait s’appliquer qu’à un état social déjà très éloigné des traditions de famille, et de la constitution d’un peuple en clans ou en tribus. Les membres du Gá s’assemblaient en hommes libres, sous les auspices de leurs chefs naturels, et constituaient une unité assez peu cohérente, que menaçaient d’autres collectivités analogues. Le Shire était une division politique, présidé par un officier déterminé, et ne formant qu’une partie d’un système général de gouvernement, dépourvu, non seulement de la pleine souveraineté, mais encore de toute autonomie : on peut imaginer le Gá, et non le Shire déclarant la guerre à des peuples voisins. Avant que le Gá pût se maintenir, comme petite république, comme principauté, ou même comme royaume, son indépendance fut, en fait, res-

  1. Ini, §, 8, Thorpe, I, 106.
  2. Ibid., § 36, I, 124.
  3. Ibid., § 39, I, 126.