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le même chef ; tous, partageant les mêmes rites religieux, et communiant dans ces sentiments, avec les tribus voisines.

Ainsi, les empires et les royaumes, d’abord barbares, qui ont exercé l’influence la plus profonde sur le cours de la civilisation, sont sortis des collectivités obscures dont les noms mêmes ne nous sont parvenus que dans les traditions des poèmes, et par l’appellation des lieux de leur premier établissement.

Bien des hypothèses ont été émises sur ces agrégats antiques, nés sur le continent de l’Europe. Peut-être la plus plausible est-elle, qu’une seule famile, descendant des demi-dieux ou des dieux eux-mêmes, selon ses traditions, dut grouper autour d’elle plusieurs maisons : elle donna alors son nom à toute la communauté, et fut instituée gardienne des rites familiaux et religieux.

Une fois fixées, ces communautés purent changer de nom et d’établissement, selon les nécessités de la vie matérielle, et des accroissements de la population. Et même quand il ne s’agissait que d’un seul individu, d’un guerrier au nom fameux, il devait advenir que ses compagnons se rangeaient avec joie, sous ses ordres, pour partager le péril de ses aventures[1].

En résumé, les habitants d’une Marche, se trouvant resserrés dans ses limites, émigrent dans d’autres établissements, et sous sa dénomination première, ils fondent une communauté nouvelle ; ou dans la division du sol nouvellement conquis, des hommes qui avaient appartenu à une communauté sur le continent, se trouvent séparés en fait, soit par le jeu des lots ou des événements naturels, telle partie de la communauté ayant précédé l’autre en ces lieux ;

  1. Cf Grimm, Deut. Heldensage, p. 280 ; Geijer, Hist. of Sweden, 159.