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entourée de forêts et de pâturages, sur laquelle ils ont un droit de propriété précaire.

Il est vrai que César ne rapporte pas que l’agriculture ait été très répandue parmi les Germains, ou que la propriété de la terre arable ait été permanente[1] : et l’on peut supposer que des tribus primitives et belliqueuses aient craint que la propriété, et la stabilité de vie qu’elle comporte, n’aient énervé chez elles le courage et les vertus guerrières. Il a pu y avoir aussi chez les Germains, quelque difficulté à procéder aux divisions annuelles du territoire : et cependant le propriétaire d’un champ, dans le district de Madras, le change tous les ans ; les tribus des Afghans procèdent à l’échange décennal des terres[2] ; Diodore rapporte que les Vaccaéens[3] faisaient l’échange de leurs champs, une fois l’an, et qu’ils s’en partageaient les produits ; et Strabon[4] cite une coutume semblable chez les Dalmates.

Mais le principe de la possession du sol semble si fort chez les Germains, qu’il paraît difficile d’admettre, sur sa seule autorité, l’assertion de César. Des informations inexactes ont pu lui être données par les habitants des provinces de la Gaule, et toujours, peut-on opposer à César le dire de Tacite[5] : arva per annos mutant, et superest ager, qui peut s’expliquer de la sorte : les Germains font l’échange entre eux de terres arables, d’année en année, — et il reste

  1. « Agriculturaæ non student : maiorque pars victus eorum in lacte, caseo, carne consistit : neque quisquam agri modum certum aut fines habet proprios ; sed magistratus ac principes in annos singulos gentibus cognationibusque hominum, qui una coierint, quantum, et quo loco visum est, agri adiribuunt, atque anno post alio transire cogunt. Eius rei multas adferunt causas : ne, adsidua consuetudine capti, studium belli gerendi agricultura commutent. » Bell. Gall., III, 22.
  2. Elphinstonés Caubul, II, 17, 18, 19.
  3. Diod, V, 34.
  4. Strab, VII, 315.
  5. Tac., Germ., 26.