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même de vos contemporains. Cette étude est, pour le critique, un de ses premiers devoirs, un devoir de grand profit. D’abord, il y puise l’autorité nécessaire à qui veut faire la leçon aux beaux esprits de son temps ; en second lieu, cette profitable étude aura ceci d’utile et de bienséant que, faute d’un poëte moderne à censurer, la critique aura toujours sous la main quelque grand poëte à admirer.

Lorsque la souffrance empêchait le fécond écrivain de travailler, il recourait d’ordinaire à la lecture des auteurs classiques ; dans ses dernières années, Bossuet et La Bruyère étaient ses préférés : « Faisons, disait-il souvent en inclinant sa tête blanche, faisons une petite visite à nos maîtres éternels, et saluons-les avec respect ! »

Comme nous lui lisions, cinq ou six mois avant sa mort, quelques chapitres d’un chef-d’œuvre du grand siècle, il s’écria soudain d’une voix sonore et enthousiaste, tandis que sa figure s’éclairait de ce charmant sourire que lui eût envié Horace :

« Ah ! que c’est beau ! Relisons cela, voulez-vous ? C’est plein de soleil ! »

Cette exclamation nous remet en mémoire un