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d’un traître ou d’un flatteur de la force ? Il y a tant de ciguë et d’ivraie, et tant de chardons, et tant de champignons vénéneux, pour porter le nom de ces gens-là !
J’aurai grand soin de ma tulipe, et déjà je cherche, à sa gloire, un beau vase orné des plus délicates peintures, où elle puisse, à son aise, naître et grandir. Je la vais mettre aussi sous la garde excellente d’un grand fleuriste, M. Lemichez, qui est resté fidèle à la reine des jardins de Neuilly.
Je fais des vœux, monsieur, pour que je vous puisse embrasser et remercier quelque jour, et je ne désespère pas de vous rencontrer avant de mourir. Au reste, vous avez pour vous un proverbe consolant : « De mémoire de rose (et de tulipe), on n’a jamais vu mourir un jardinier. »
Laissez-moi cependant vous serrer la main de tout mon cœur.
Jules Janin.

Nous possédons beaucoup de lettres du maître, remplies à la fois de grâce, d’esprit et d’exquise bienveillance. La première date du 8 février 1855. Le grand critique, alors dans toute sa gloire, nous l’adressa, à Cherbourg, au temps heureux de notre vingtième année, en réponse à un témoignage de fervente admiration ; et (on le croira sans peine) cette cordiale missive nous rendit bien joyeux !