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l’éloquence humaine. Son Histoire des Variations a rendu autant de services à la religion catholique que les Épîtres de saint Paul, le grand organisateur. Je ne connais rien de plus touchant dans aucun livre que les Oraisons funèbres de Bossuet. Avez-vous lu ses lettres ? Tout l’ensemble du catholicisme se retrouve dans ces papiers détachés, adressés au hasard à quiconque avait besoin de cette féconde et nerveuse parole. Voilà, mon cher enfant, voilà nos maîtres ! Voilà ceux qu’il faut aimer, admirer, applaudir, étudier la nuit et le jour ! Voilà où se trouve la solide nourriture des jeunes esprits, et non pas, Dieu merci ! dans les misérables et ennuyeuses futilités qui s’écrivent de nos jours.
Quels livres ! Si vous saviez quels abominables corrupteurs du bon goût, des bonnes mœurs, de la civilisation, de la langue, de la belle langue française, par laquelle toute l’Europe nous était soumise bien plus que par les armes de l’empereur Napoléon ! Rappelez-vous ce que vous avez lu ; tout ce qui vient des œuvres de ce siècle est une vaine fumée, bonne tout au plus à obscurcir les intelligences honnêtes. Toute cette écrivasserie, qui vous paraît belle, vue de loin, si vous pouviez en pénétrer les tristes mystères, vous porterait à la tête et au cœur. Ce ne sont que de trompeuses vanités, pauvretés, mensonges de tout genre ; et quand vous les aurez lus, rien ne vous restera, sinon un profond dégoût, un douloureux ennui, un grand mépris de vous-même et des autres.
Prenez donc bien garde de tomber dans ces abîmes, imprudent que vous êtes ! Ne lisez ni moi, ni les