Page:Piedagnel - Jules Janin, 1877.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
jules janin

ajoutant toutefois qu’il lui laissait quelques jours pour se décider.

Sur ces entrefaites, la direction du Moniteur universel, qui désirait depuis longtemps s’attacher Jules Janin, essaya de profiter de la circonstance et lui offrit un traitement annuel de 24,000 francs, « Impossible, répondit le critique, je viens de passer un nouveau bail avec les Débats. » Et, en effet, il avait écrit déjà ces simples mots à M. Bertin : « Je reste. »

Presque au même instant, le directeur du Journal des Débats, qui avait tout appris, entrait brusquement chez son ami Janin, et, lui sautant au cou, s’écriait, avec des larmes plein les yeux : « Ah ! le brave garçon ! »

N’était-ce pas là un éloge mérité ?

Ajoutons que jamais l’auteur de Barnave ne s’est préoccupé, à l’égard de ses productions, de la question d’argent. « L’essentiel, disait-il, c’est d’être lu par d’honnêtes et bienveillants esprits ! » Et, en guise de traités avec les éditeurs, il se contentait volontiers, d’habitude, d’une parole échangée ou d’un serrement de main.