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pourtant notre heureux rendez-vous de chaque jour ! Là nous portions, fiers et confiants, nos plus chères pensées ; là nous venions chercher l’idée et l’inspiration, l’amitié et le conseil ! Au besoin l’écho redirait nos gaietés, l’écho redirait nos tristesses ! Sur les murailles mêmes notre image est restée, et il faudra les passer à la chaux vive pour en arracher ces empreintes ! Adieu donc, échos sérieux et charmants ! demeures chéries ! murailles honorées ! foyer poétique ! inspiration ! beaux-arts ! exemple, conseils, honnêtes et légitimes amours ! Adieu, joie intime et vestiges heureux ! Hélas ! dans ces demeures respectées, toute chose est à l’encan, le commissaire-priseur est le maître absolu : il y a deux enfants mineurs, tout se vendra ! On vendra même le verre où nous buvions, et le vin généreux que nous buvions dans ces beaux verres à la santé, à la gloire, à la prospérité, à l’avenir de tout ce que nous avons aimé ici-bas !

L’éminent lundiste a prouvé, d’ailleurs, d’une façon peu ordinaire, son attachement à la famille des Bertin et au Journal des Débats.

En 1848, par suite du ralentissement général des affaires, M. Armand Bertin prévint Jules Janin qu’il se trouvait forcé (à son grand regret, bien entendu) de réduire ses appointements à 6,000 francs, ou de lui rendre sa liberté, en