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jules janin

Et jetant à mes rocs tout l’éblouissement
De Paris glorieux et de Paris charmant !
Et je lis, et mon front s’éclaire, et je savoure
Ton style, ta gaîté, ta douceur, ta bravoure.
Merci, toi dont le cœur aima, sentit, comprit !
Merci, devin ! merci, frère, poëte, esprit,
Qui viens chanter cet hymne à côté de ma vie[1] !

Jules Janin fut toujours fidèle à ses amitiés. Lisez cet adieu à Théodose Burette, et dites s’il est possible de parler avec plus d’émotion d’un camarade d’enfance :

Tu n’es déjà plus de ce monde, toi qui m’as si souvent prêté l’appui de ta force et de ton courage. Mon vieil ami, mon protecteur et mon conseil ! si heureux quand tu avais une louange à faire, et si triste quand c’était un blâme ! Quand il avait une idée, il me la donnait aussitôt ; quand il avait fait une découverte favorable, sa découverte était pour moi. Enfants des mêmes travaux, enfants des mêmes plaisirs, sortis de la même génération et du même collège, nous avons été tout de suite heureux de peu, contents de tout ; jamais nous n’avons joué au génie incompris, au désespoir, au byronisme, et la mélancolie elle-même, elle eût ri à nos gais visages. Que de gaietés, lui et moi ! quelles fêtes innocentes de la jeunesse et que de printemps en fleurs ! Plus tard, et quand déjà pointait l’âge mûr, nous
  1. Les Contemplations.