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jules janin

L’un[1], qui florissait par tous les dons de la parole, un Athénien de Périclès, un rhéteur merveilleux, nous parlait des grands écrivains d’Athènes, de Rome et de Paris. Il allait sans cesse, avec une grâce, une éloquence, une énergie, irrésistibles, de Démosthène à Bossuet, de Sophocle à Corneille, de Virgile à Racine. Il avait tout vu, tout appris, tout compris ; il s’enivrait des bruits enchanteurs et des grâces correctes de la langue savante ; autour de cette chaire éloquente, il nous tenait émus, intéressés, attentifs, charmés. Qu’il parlât d’une fable de La Fontaine ou des poëmes d’Homère, il avait la vie, il avait la force, et le plus ferme espoir en nos intelligences naissantes.
Ou bien, c’était l’autre[2] : un austère, un sévère, un impitoyable historien. Ces mêmes âmes que son confrère subjuguait par son charme, il les forçait d’entrer dans l’histoire. À l’entendre invoquer les vieux âges et les divers phénomènes de ces civilisations dont il retrouvait la trace, à la façon de ces chars dont la roue est encore brûlante sur les dalles silencieuses de Pompéi, on se demandait quel était donc ce réformateur animé des passions les plus vivantes de la justice et de la vérité.
Le troisième[3] indiquait à ces heureux enfants les secrets merveilleux de la philosophie. Il venait en droite ligne du cap Sunium ; il assistait au banquet où le divin Socrate enseignait aux convives une âme immortelle.
  1. M. Villemain.
  2. M. Guizot.
  3. M. Victor Cousin.