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su voir, n’est-il pas vrai, tout ce beau cortège de la jeunesse à travers un prisme enchanteur ? Eh bien, cette saine et intarissable gaieté, cette sève d’avril, lui furent d’un puissant secours évidemment ; mais gardons-nous d’oublier que la vieille tante, témoin de son labeur, compagne de sa pauvreté, humble, tendre et ingénieuse consolatrice des heures mauvaises, mérita sans cesse l’ardente reconnaissance du courageux écrivain[1].

Lui, du reste, ne l’oublia pas un seul instant, et, à l’aide du premier argent gagné avec sa plume au Journal des Débats, savez-vous ce qu’il fit ? S’étant adressé à un artiste de grand talent, à Eugène Devéria lui-même, qui comprit bien vite sa généreuse pensée, il le pria de reproduire la douce physionomie de sa Providence en cheveux blancs. Ce portrait de la bonne vieille, de l’amie de l’enfance turbulente et de la première jeunesse pauvre et studieuse, que de fois nous l’avons vu dans le chalet de Passy ! Que de fois nous avons con-

  1. Cette digne femme s’appelait Mme Faverge ; elle était petite-fille d’Élisabeth de Bassompierre, de la famille du maréchal.