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Ils se mirent aussitôt en devoir de chercher un abri :

Hélas ! à chaque nouvelle maison dont nous visitions ainsi les combles, ma tante et moi nous n’osions pas nous consulter, même des yeux. Quoi donc ! habiter là, elle si vieille, moi si jeune ? Quoi donc ! vivre dans cet air, dans ce bruit, dans cette ombre, dans ce voisinage, au milieu de ce vice, de cette misère, et sous la loi de ce portier, elle si vieille et moi si jeune ?… Et pendant trois jours, rentrés le soir dans notre auberge, nous récapitulions tous les appartements que nous avions vus dans la journée, et toujours avec cette monotone conclusion : « C’est trop laid, c’est trop haut » ; ou cette autre non moins triste conclusion : « C’est trop cher ! »

Néanmoins, les voilà enfin installés, cet allègre hiver et ce gai printemps, tout au haut d’une maison de la rue du Dragon, dans un nid « triste, mais décent ; élevé, mais au quatrième ; d’une entrée obscure, mais très-clair ; loué par un huissier, mais à un prix raisonnable ». Quatre ans s’écoulèrent dans ce paisible et modeste logis. Pour vivre, le futur académicien donna d’abord, sans relâche, des leçons à deux francs le cachet, luttant bravement contre la misère, et confiant d’ailleurs en son étoile. N’avait il