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jules janin.

d’envie, car le morne ennui vous demeure inconnu ! »

Puis, prenant parmi les livres ouverts çà et là un mince cahier in-18 : « Tenez, nous dit-il, voici un fragment de ma jeunesse, et l’un des meilleurs, à coup sûr : c’est la préface de mes Contes nouveaux, si vieux aujourd’hui que personne, hélas ! ne les connaît plus. Lorsque j’écrivais ces pages printanières, le diable habitait le fond de ma bourse, tout le long de la semaine et même le dimanche, mais mon cœur débordait d’illusions. Oh ! le beau temps des folles chimères, vêtues d’or et de soie ! C’était en 1832… Ah ! que c’est loin ! Emportez cela, mon ami ; vous le lirez à vos moments perdus. » Alors il nous tendit la brochure jaunie, zébrée de notes griffonnées en tous sens. Et, voyant que nous cherchions à déchiffrer quelques-uns de ces hiéroglyphes, dignes des patients efforts d’un Champollion :

« Oui, fit-il, souriant, j’ai voulu récemment corriger ce fatras. Grâce au Ciel ! je me suis vite aperçu de mon erreur. Cette préface exubérante est remplie d’inexpérience, j’en con-