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jules janin.

tous les délicats se plaisent à relire, nous songions avec émotion à l’éloquente préface de ses Contes du Chalet (ils venaient justement de paraître), et nous nous redisions ces beaux vers, qui racontent si bien, en quelques lignes, toute une vie de travail, semée de bonnes actions, de pures espérances et de petits bonheurs :


Ami des braves gens et content de moi-même :
Un jardin sans épine, un logis sans remords,
Un cortège affligé quand j’irai chez les morts…
La Muse en donne moins au poëte qu’elle aime.
En si petit espace, ô ciel ! tant de bienfaits !
Un si cher compagnon, tant de grâce et de paix !
Ces rayons, cette fleur, ce rêve, cette branche,
Ce balcon si joyeux, ce toit qui rit et penche,
Ce grand œil bleu sur moi doucement arrêté !
Tout ce beau quart d’arpent, pour mon unique usage…
À ces bonheurs, dans leur bonté,
Si les dieux ajoutaient un peu de liberté,
Je n’en voudrais pas davantage !


Tout en parlant, Jules Janin annotait au crayon des volumes et des manuscrits, car il se reposait rarement ; et comme l’entretien roulait sur la magie du souvenir, nous lui dîmes soudain :