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jules janin
Saint-Évremont, Bussy-Rabutin, Diderot, Duclos, Voltaire (dans ses lettres familières qui sont d’incomparables feuilletons), quelque différents que soient les degrés où le jugement public a placé ces écrivains, sont tous fils du génie français ; et quoiqu’il ne soit pas prudent de hasarder en une telle compagnie une renommée encore si jeune pour l’avenir, M. Janin, s’il n’était pas un aîné dans cette famille de race gauloise, pouvait sembler un de leurs frères, le dernier venu du même sang.
… Jamais écrivain n’a paru moins asservi à son œuvre, même en ne l’interrompant jamais.
… Si quelque événement politique prenait la forme d’une tragédie, n’eût-elle qu’un acte, si le malheur entrait dans une maison royale par la porte que Dieu avait ouverte, ou qu’avait enfoncée l’émeute, son âme s’élevait à une pathétique hauteur, son accent s’attendrissait, ses larmes coulaient. Il n’était plus ni poëte, ni conteur, ni critique, mais un moraliste profondément touché des misères et des crimes de l’humanité.
C’est ainsi qu’il avait pleuré le duc d’Orléans, brisé, comme autrefois le Germanicus de Tacite, « dans la fleur de son âge et de sa popularité ! » Ainsi avait-il regretté cette royauté libérale, qui n’avait reçu ses hommages que tombée et déchue ! Ainsi avait-il voué une sorte de culte à la reine Marie-Amélie, qu’il était allé saluer dans son exil, sur un de ces degrés de l’épreuve humaine qui la conduisaient lentement jusqu’au ciel.

Ce sont là de justes et précieux éloges, à